Deux esquisses d’une jeune fille nue jouant de la flûte, vers 1905-1906, graphite sur papier vergé contrecollé.
Cette étude a servi à Matisse pour peindre par la suite son tableau intitulé « Le Bonheur de vivre »
Nous avons choisi cette oeuvre car une grande partie de l’exposition proposait des tableaux colorés, ce que nous n’aimons pas tellement. Nous avons trouvé plus intéressant de choisir une simple esquisse, un peu comme un brouillon, plutôt que le tableau lui-même. Cela nous permet de voir par quelles différentes étapes Matisse est passé pour en arriver au tableau « Le Bonheur de vivre ».
Nous avons également bien aimé le fait qu’il représente une femme nue avec des formes plutôt généreuses, ce qui est un peu contradictoire, puisque ce personnage sera un homme dans le tableau final. Le fait qu’il n’y ait rien autour, aucune couleur, juste du blanc et du gris nous a bien plu dans le sens où ça représente bien la femme sans artifices et « mise à nue ».
Léa et Salomé
Femme au bord de l’eau, été 1905, huile sur toile 35,2 par 28,2 cm.
« Dès que j’ai vu cette oeuvre, j’ai directement « flashé » sur cette jeune femme, premièrement par admiration du Japon et de ses traditions, ensuite par amour des couleurs vives. L’utilisation du fauvisme m’a beaucoup impressionné. Plus je m’éloignais du tableau, plus le paysage et la jeune femme étaient distincts, tandis que plus je me rapprochais, plus les lignes devenaient abstraites et sans aucune signification : il m’est impossible pour le moment de verbaliser ce sentiment, mais l’oeuvre m’a beaucoup plu ».
Gaspard
« Le côté abstrait du tableau, les couleurs vives éparpillées et l’utilisation d’une technique proche du pointillisme me plaisent beaucoup. A première vue je n’ai vu qu’un tas de couleurs désordonnées mais en prenant du recul et donc en m’éloignant du tableau j’ai pu distinguer le personnage et cet effet d’illusion m’a beaucoup plu ».
Jules
Femme assise dans un fauteuil, ensemble de six dessins au fusain, 1943.
Ce polyptique présente une femme vêtue d’une simple robe se prélassant sur un fauteuil. Le sujet reste le même mais la position change d’un tableau à l’autre. En lisant de gauche à droite comme dans une bande dessinée, on remarque que la silhouette de la première image est dénuée de tout sentiment, elle est comme un modèle pour les autres images. C’est le thème qui laisse place à différentes variations. « Thèmes et variations » tel est le titre du livre dans lequel ont peut trouver certaines des œuvres de Matisse commentées par Louis Aragon. En dessinant cet ensemble d’œuvres, Henri Matisse voulait imiter le genre cinématographique avec plusieurs images qui se suivent en changeant légèrement. On peut faire un rapprochement avec la série de tableaux : « Cathédrale de Rouen » ou « Les Meules » de Monet.
Nous avons choisi cette œuvre car nous aimons l’idée que le sujet évolue au fur et à mesure. De plus, même si l’on parle d’une œuvre a part entière, le fait qu’elle soit composée de plusieurs dessins nous donne la possibilité de choisir une figure qui nous est plus familière en faisant abstraction des autres. On peut également y trouver un aspect ludique en jouant au jeu des sept différences qui nous permettrait de mieux identifier les détails du polyptique.
Un thème laissant place à différentes variations comme un arbre donnant naissance a différentes branches, c’est un procédé que nous retrouvons en littérature avec notamment Raymond Queneau qui détourne une même histoire de différentes manières dans son livre « Exercices de style ». C’est aussi le principe de l’ostinato en musique sur lequel se rajoutent plusieurs mélodies.
Léo et Noé
L’enterrement de Pierrot, (Jazz), 1943, Papiers gouachés, découpés et collés sur papier marouflé sur toile 44,5 x 66 cm
Ce qui nous a tout d’abord attirées dans ce collage, ce sont les couleurs vives et lumineuses qui parviennent à former une belle harmonie malgré leur complémentarité (violet & jaune). Nous avons aussi apprécié l’aspect féérique de l’œuvre. Au centre, les chevaux attelés à un carrosse sont en blanc et se détachent ainsi d’un cadre très coloré, non sans rappeler un décor typique de contes de fées. Autour du carrosse, comme pour former un cadre, on remarque aussi de nombreux motifs abstraits. Peu de couleurs différentes sont utilisées (violet, noir et blanc) sur de grands aplats mais elles sont égayées par la vivacité d’autres couleurs réparties par petites touches (bleu, jaune, rouge et rose). On remarque d’ailleurs que le noir au centre du tableau lui confère une certaine profondeur tandis que le rose pâle, au contraire, semble l’ouvrir vers l’extérieur.
Cependant, nous avons été étonnées par le titre de l’œuvre : « L’enterrement de Pierrot ». En effet, il contraste avec la gaieté qui émane du tableau. A la lueur de ce titre, le ‟carrosse” prend alors un tout nouveau rôle : au lieu d’une princesse, c’est le corps sans vie de Pierrot qu’il transporte.
Domitille et Louisa
Nature morte à la dormeuse, 1940, huile et crayon sur toile
Sur ce tableau , une femme est représentée allongée sur une table dans une maison modeste au décor très coloré. On distingue de nombreuses plantes, un vase et différents fruits disposés sur la table, d’où le titre « nature morte » . Par définition, l’expression « nature morte » dans l’art décrit un ensemble d’éléments inanimés. Paradoxalement il représente une femme qui est un être « vivant » mais le sommeil de cette dernière fait écho au côté inanimé de l’oeuvre. Dans ce tableau, on ne distingue aucune perspective. Cette œuvre mélange savant et populaire. L’habit traditionnel de la femme (habit folklorique) , le décor simple de la pièce (une table, deux chaises, vases, plantes et fruits) ainsi que l’absence de perspective reflètent le côté plutôt populaire. Les traits , courbes et dessins de ce tableau sont également plutôt simples avec très de peu de détails : par exemple, les fruits sont juste ronds et colorés. Par contre, la posture de la femme, la position et la finesse de sa main mais aussi le vase orné d’un motif nous présente le côté savant de l’oeuvre. Ce mélange savant/populaire nous a permis d’établir une relation avec l’opéra « Jeanne au bûcher » que nous sommes allés voir plus tard dans la soirée. En effet, Honegger oppose des éléments d’écriture musicale savante et populaire dans son oeuvre.
Nous avons aussi pu observer le croquis de ce tableau, ce qui nous a permis de voir ce que Matisse avait décidé d’ajouter à son oeuvre. En l’occurence, il n’avait créé que la femme allongée et il a décidé par la suite de rajouter tout le décor environnant.
Ce tableau a rapidement attiré notre attention, car, contrairement à certaines des œuvres de Matisse qui sont réalisées au fusain et donc assez sombres, les couleurs de celle ci ont attiré notre regard. Ensuite, nous avons été surprises par l’absence de perspective et nous avons aimé l’expression sereine de la femme qui donne une impression de légèreté.
Eva et Lisa
Odalisque à la culotte grise,1927, huile sur toile
Nous avons tout de suite repéré ce tableau en raison des couleurs vives et joyeuses du décor, qui s’opposent à l’expression triste et préoccupée du personnage. Cela nous intriguait et nous avons donc voulu essayer d’analyser les choix artistiques du peintre, pour mieux comprendre le tableau.
La femme représentée au centre de la peinture est Henriette Darricarrère : c’est la forme odalistique de Matisse, c’est à dire son modèle principal dans de nombreuses de ses œuvres.
On peut remarquer qu’il n’y a pas beaucoup de couleur sur elle : ce sont essentiellement des couleurs froides, comme le gris de sa « culotte ».Les teintes vives du lit sur lequel elle est allongée, de même que les couleurs du décor (rouge, jaune, blanc) sont vives et chaudes et contrastent avec le personnage.
La femme a la poitrine dénudée, et porte une tenue simple et légère. Au contraire, le décor comporte de nombreux motifs différents, et les objets derrière elle sont luxueux. Il y a donc de nouveau une opposition entre le personnage et la chambre. La fenêtre et les barreaux rappellent la couleur grise de l’habit du personnage, l’extérieur sombre et nuageux fait écho à l’expression triste de la femme.
De plus, l’absence de profondeur dans ce tableau donne l’impression que le monde est plat et neutre dans la vie de cette femme.
Chléa et Chloé
La Vague, 1935, fusain sur papier destiné à illustrer le livre « Ulysse » de James Joyce.
On peut y voir un bateau écumant les flots. Il n’a qu’un seul mât, et la voile est découpée en rectangle, comme sur les anciens bateaux. Au milieu du bateau, il y a des rameurs et leurs rames. A gauche du tableau, à l’arrière du bateau, se trouve un personnage, qui semble sortir d’un filet de l’eau.
Nous avons choisi cette oeuvre, car malgré le choix de formes minimalistes, tout est reconnaissable et bien représenté. La représentation croisée des différentes vagues, donne un effet de mouvement, comme si le bateau naviguait vraiment. On peut presque voir le vent souffler dans ses voiles. Il ne reste plus qu’à imaginer le son des vagues et du vent, et la scène devient réelle.
A travers ce fusain, donc en noir et blanc, Matisse arrive à recréer une image presque réelle avec un choix de formes simples.
Maïwenn et Octave
La Japonaise, femme au bord de l’eau, 1905, huile sur toile
On remarque dans cette œuvre de nombreux aplats de couleurs : rouge-rose, vert, bleu. Les couleurs sont posées comme des blocs uniformes et sans nuances qui se juxtaposent. Il n’y a plus d’effet d’ombre et de lumière ni de volume et de profondeur.
Les formes sont indistinctes car Matisse s’appuie uniquement sur les traits de couleur pour les définir. La silhouette de Mme Matisse que l’on voit ici disparaît presque entièrement dans le paysage bien que le peintre en a fait le contour avec un trait de crayon. La figure et le fond se dissolvent dans un même mouvement.
Cependant, le bleu du kimono contraste par rapport aux tons plus chauds des rochers et de l’eau, comme une inversion de couleurs entre personnage et nature. Matisse a utilisé des techniques d’aquarelle en mêlant les couleurs et en laissant des espaces blancs. Le tableau n’est plus qu’un ensemble de taches de couleurs.
J’aime beaucoup cette œuvre, c’est celle que je préfère parmi celles de l’exposition. Elle est composée de très jolies couleurs, très délicates. J’aime aussi beaucoup le fait que le personnage se fonde dans le décor. De plus, les courbes du personnage sont très simples et arrondies ce qui rend le tableau très doux et un peu mélancolique.
Louise
Au début, je ne comprenais pas la composition de Matisse car je n’avais pas vu la femme. Par la suite, j’ai bien aimé que le personnage se fonde dans le décor. Mais je n’aime pas le fauvisme, car je préfère le travail des couleurs dans l’impressionnisme. L’œuvre du musée que j’ai préférée était « Mme Matisse en kimono », qui d’ailleurs est en lien avec cette œuvre, car c’est la même personne mais représentée mais d’une manière différente.
Léa