Stephan Eicher à la MC2

mardi 17 avril 2018
par  Marie-Line Bouhatous

Le 20 mars dernier, 36 élèves d’arts du son, d’option facultative et de spécialité sont allés écouter écouter Stephan Eicher avec la fanfare Traktorkestar. Un spectacle haut en couleurs qui restera dans les mémoires et les oreilles ! Nina, élève de seconde arts du son, a été tellement emballée qu’elle a écrit un compte rendu de ce spectacle extraordinaire ! Au début de l’année, elle avait réalisé un teaser pour encourager ses camarades à aller voir le spectacle.
⚠️ <html>https://www.youtube.com/watch?v=vmOkgGBgO80&feature=youtu.be</html>

Le 20 mars, nous sommes allés écouter Stephan Eicher accompagné de la fanfare Traktorkestar (et initialement de la beat-boxeuse Steff la Cheffe, malheureusement malade ce jour-là) à la MC2, dans la salle du Grand Théâtre.

Tout concert a un début, mais certains sont plus travaillés, plus réussis et plus marquants que d’autres. Le début de ce concert en est un exemple.
Le public rentre, s’installe peu à peu, et découvre une scène pour l’instant vide de musiciens, mais débordante d’accessoires hétéroclites qui la rendent accueillante et chaleureuse. Il y a des bancs, des fauteuils, de jolies guirlandes lumineuses, des pneus éparpillés… Sur un banc au fond, on distingue un homme allongé.
Un accordéon juché un peu en hauteur dans un coin de la scène s’illumine et commence à jouer tout seul. Un saxophoniste arrive sur scène en jouant, et s’entame alors un étrange duo. Puis d’autres musiciens s’avancent, surgissant parmi le public, et descendant lentement les marches pour gagner la scène, tout en se joignant à la musique.
Enfin, une fois la fanfare au complet, le rythme devient plus entraînant, les percussions se déchaînent, et l’homme allongé sur le banc se relève. Le public “découvre” alors avec plaisir Stephan Eicher ! D’abord comme endormi sur un banc : allusion à la précarité du musicien ? En tout cas, ne pas entrer est une entrée assez originale…

Stephan Eicher a la voix un peu plus grave qu’auparavant, mais on retrouve bien son accent, son timbre de voix si particulier, et sa façon de délaisser les fins de phrases qui lui donne un air si nonchalant. Elégant, il porte un costume de dandy un peu désuet, une moustache et une barbichette, et arbore la même coupe de cheveux que dans ses clips des années 90.
C’est un personnage sympathique. Son accent, ses petites fautes de français et ses plaisanteries pleines d’autodérision séduisent le public, aussi bien masculin que féminin, comme il se plaît à le souligner… Le chanteur prend aussi un moment la parole pour livrer une critique à peine masquée des maisons de disques et plateformes de streaming musical.

Les musiciens de la fanfare sont jeunes, plus que Stephan Eicher, comme ce dernier nous l’a fait comprendre en plaisantant... Ils sont de nationalités variées très nombreux et turbulents, ce qui crée une impression de désordre, renforcée par les pneus éparpillés, les lancés de confettis et la fumée sur la scène. Mais ce qui ressort surtout, c’est un “joyeux bordel”, une énergie incroyable et communicative… Il y a beaucoup d’interactions entre les musiciens, les trompettistes se répondent, les trois percussionnistes se complètent et jouent comme un seul homme, le spectateur n’a pas le temps de s’ennuyer tant il se passe de choses sur scène !

Le contenu du concert est aussi éclectique que ses protagonistes. On retrouve des tubes de Stephan Eicher tels que “Déjeuner en Paix” ou “Combien de Temps” (que nous avons été heureux d’entendre après l’avoir travaillé en classe) dont on découvre de nouveaux arrangements adaptés à l’instrumentation de fanfare. Le mélange entre musique pop et cuivres ajouté à la guitare électrique et parfois au piano est surprenant, mais on y prend plaisir sans peine tant l’enthousiasme des artistes est contagieux, et les arrangements réussis et efficaces. L’énergie cède parfois la place à des moments poétiques, notamment avec quelques chansons plus calmes sur des textes de Philippe Djian. On entend aussi des titres moins connus, certains en allemand et en suisse allemand, ainsi que des morceaux de la fanfare Traktorkestar elle-même, comme “Vreneli ab em Guggisbärg”.

L’acoustique de la salle est intéressante, elle donne énormément de puissance aux basses, mais moins aux aigus. Ainsi, bien que le volume soit assez élevé, le son reste agréable. Cette acoustique met énormément en valeur les percussions, on sent le tempo de la grosse caisse vibrer dans nos cages thoraciques.
Les lumières ont aussi, dans ce concert, un vrai intérêt. Elles créent des ambiances, parfois dans des tons verts, parfois rouges, elles mettent aussi en valeur les musiciens, un spot éclairant le saxophoniste ou le joueur d’hélicon lors d’un solo (et si, les solos d’hélicon existent, et l’hélicon aussi !), et mettent en valeur la structure des morceaux avec des effets lumineux pour accentuer les breaks et autres changements.

Plus la soirée avance, plus la proximité avec le public est grande, et cela même physiquement, puisqu’à la fin, après de nombreux rappels, la fanfare déambule entre les rangées tout en continuant de jouer !

Ce concert était un très bon moment, nous avons voyagé dans un autre monde et vraiment eu l’impression de partager un moment avec ces musiciens. Ils sont arrivés à faire chanter et taper dans les mains le public, qui s’est même levé pendant la fin du concert, alors que le lieu (la MC2) et la disposition de la salle (il n’y avait pas de fosse) ne facilitaient pas forcément la tâche.
On en retient qu’on peut jouer un morceau de mille manières différentes, avec mille personnes différentes, et finalement, c’est ça qui est beau dans la musique.


https://www.mc2grenoble.fr/spectacl...